Des difficultés rencontrée dans les ports italiens

où comment éviter quelques conneries...

 

  "Mon expérience maritime est la somme de toutes mes erreurs..."  
     
  Je le dis et le répète à longueur de temps. Là, je vais enrichir mon expérience maritime...  
     
  1ère erreur: le calendrier, on étaient pris par le temps, fallait être à Athènes pour le 20 août.  
  2ème erreur: quand çà se gâte, mieux vaut rester au large.  
  3ème erreur: sous estimer les difficultés d'accès des ports italiens de l'Adriatique  
  4ème erreur: ne pas attendre la sortie, où l'entrée d'autres bateaux, qui peuvent guider la route.  
  5ème erreur: ne jamais faire confiance aux locaux, qui ne connaissent pas votre bateau, ne connaissent  
  . pas les limites de l'équipage, ne connaissent pas l'état de fatigue du capitaine, et souvent ne connaissent même pas le port où ils vous indiquent un emplacement...  
     
  On a fait... en fait, j'ai fait !!! Toutes ces conneries.  
     
  Description:  
  De Numana, ou nous étions, il y a 150 miles pour gagner Vieste, aucun abris naturel, juste une dizaine de ports artificiels, pour la plus part dédiés à la pêche.  
     
     
     
 
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  On a d'abord réveillé le soleil

 

 

  Comme çà avançait bien sous voile, on s'est dit qu'on pourraient filer jusqu'à Pescara 65 miles plus loin... Et, comme çà forcissait gentiment, on s'est dit que ce serait peut être mieux de se trouver un abri, avant de prendre une raclée...

 

  Juste sous le vent, on a San Benedetto del Tronto. Grand port de pêche, grand par la taille et les volumes traités. Une zone est réservée à la plaisance. Sur la carte, les passes sont saines, à condition de rester au milieu du chenal, et de bien viser le centre entre le môle du quai nord et la jetée sud.

Une fois passé le môle d'entrée, c'est tout à droite, avec de bonne profondeurs et de la place pour évoluer. Le port fait 1/2 mile de large !!!

Donc, on embouque...

 
 

   
  Cà, c'est ma carte. Bonne carte C-Map, plan confirmé par le local "Pagine Azzure", l'ouvrage de référence, que dis-je... La bible des yachtmen italiens...

Il n'y a pas de problème, plus clair comme approche, tu meurs...

 

 

  On a 25 noeuds de vent réel, secteur nord. A démarrer le moteur; en gardant un chouïa de génois tribord amure, grand largue très arrivé, au cas ou... La grande jetée sud est facilement identifiée, ainsi que l'extrémité du môle nord.

A suivre scrupuleusement une route parallèle à la jetée sud, à environ 60 mètres, comme l'indique les cartes. Quand même, je trouve que l'eau a une sale gueule, extrêmement boueuse et limoneuse. Le sondeur à rendu les armes depuis longtemps, dans cette eau vaseuse.

Même moteur débrayé, on avance comme des locomotives... A ce moment, sort un petit bateau de pêche, qui lui, serre complètement la jetée sud. La couleur de l'eau devenant tellement inquiétante, je prends la décision de serrer aussi la jetée, et alors, alors... le sondeur reprend des couleurs, et m'annonce moins de 2 mères d'eau. On a dû passer assez près du banc de sable du nord du chenal... Le lendemain j'irai voir et je comprendrai...

 
     
 

   
  Cette photo satellite extraite de Google, est assez ancienne. Le banc de sable, au nord du chenal, que l'on identifie bien, s'est encore déplacé vers l'Est. Si bien qu'à l'endroit des pointillés, là ou nous avons changé de route, on a pas du passer loin.  

 

  Mais, ce n'est pas fini. restait la cerise sur le gâteau ! Une fois dans le port, je cherche des yeux, le fameux emplacement réservé à la plaisance. Sous la jetée nord, c'est le meilleur emplacement du port. Rien !!! mais rien... Des dizaines et des dizaines de gros chalutiers.

En me retournant, je comprend. Ils ont dragué le fond du port pour y installer une chouetos marina, avec yacht club, bistrot, restaurant, sanitaires et tout, et tout. Extra, je me dit, et je m'y dirige. Là, surgit un marin en pull aux couleurs du yacht club, qui m'indique qu'ici ce n'est pas pour moi, là c'est réservé aux membres du yacht club... Ha !!!

Il prend sa pétrolette (c'est fou ce que les italiens sont pétaradants!) pour m'indiquer ou me mettre: de l'autre côté, loin de tout. Bon, on est pas chez nous, et puisqu'il nous donne un coup de main; on va pas tirer la gueule.

Il veut nous mettre alongside, au vent d'une jetée en béton a peine terminée... Il y a encore 20 bons noeuds de vent, et je tire la gueule. Non, non, dit-il, ici et alongside. Bon, me dis-je, il connait son port, il n'y a pas de pendilles, et les fonds doivent être obstrués de mille saloperies, on ne peut pas mouiller d'ancre...

A préparer le bateau, toutes les défenses à tribord, un bout à l'avant, un à l'arrière et autre au maître bau à tout hasard.. Et j'entame la manoeuvre dans les règles: vitesse lente, parallèle au quai, à 3 mètres environ, puis à casser l'aire pour laisser le bateau dériver en douceur sur le quai.

Et là !!! J'aperçois, tout les 3 mètres, des pitons de ferraille dépassant de 12 cm du quai, à hauteur de bordé. Il n'y a plus rien à faire, pas de vitesse et trop près du quai. Il n'y a plus qu'à se précipiter pour essayer de déborder et d'amortir.

Avec 20 noeuds de vent par le travers, le bateau a du fardage, assez, pour voir s'écraser les défenses, et voir les morceaux de ferraille poinçonner le bordé. Cà fait un drôle de bruit. Là, tu ferme les yeux en gueulant" oh ! purée", et tu les rouvre lentement pour aller voir la taille du trou dans le bordé...

Et bien, Jeanneau, c'est costaud. Y a pas de trou. Le gelcoat a pété sur 10 cm, avec une éraflure de 5 mm de profondeur. ce sera réparé le lendemain.

 

 

 

 
 

 
     
  Et ce n'est pas fini... Un peu plus tard on verra deux voiliers italiens, qui ne devaient pas faire parti du Yacht club, s'amarrer, juste face à nous, sous le vent de l'autre ponton, sur pendille !!! Alors là le directeur de la marina a entendu parlé breton !!!

Comme je m'étais munis de photos de la casse et des pitons débordants, il a toléré que nous nous installions aussi sur pendille, de l'autre côté. Bon prince, il nous a fait une remise, en ne nous faisant payer que 30 euros, au lieu de 50. Pas d'eau, pas d'électricité, pas de toilettes (elles sont réservées aux membres du yacht club...).

J'ai compris une fois pour toute, que dans les ports italiens de l'Adriatique, les meilleures places étaient réservées aux pêcheurs, puis aux membres des yacht clubs, puis aux italien de passage, enfin, celles les plus exposées: aux manouches et aux voleurs de poules...

 
     
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