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Sauvetage d'un pont en teck

voire, acharnement thérapeutique...

 

Mon pont en teck a maintenant 24 ans. Quand nous avons acheté le bateau en deuxième main, il y a maintenant sept ans, nous avons eu beaucoup de mal à convaincre le vendeur, qu'un pont en teck, ce n'était pas nécessairement un bon argument de vente

  • Le pont avait beaucoup souffert

  • A l'origine, monté en lattes de 8 mm

  • On l'a retraité en 2006, par un ponçage éliminant les rainures

  • Si l'on reprend les valeurs annoncés par Robert dans l'article de Nicodefreja, il ne restait plus que 5 mm d'épaisseur à ce moment, voire moins après ponçage

  • Le ponçage initial, a permis un traitement efficace le années suivantes. Nous avons utilisé le process Starbrite (3 étapes)

    • Nettoyage

    • Eclaircissement du bois

    • Protection par une huile pour teck

Techniques de pose d'un pont en teck

  • Il existe trois grandes méthodes classiques de pose et de collage d'un pont en teck
    • Par vissage/collage, les lattes sont percée, le pont aussi, et la protection assurée par des tapons
    • Par collage, sans perçage, sauf la première latte, toutes les autres sont posée deux par deux, puis collées sous pression, pendant 48 heures. C'est très très long, mais, c'est la procédure la plus sûre, le sandwich du pont est préservé
    • La technique par perçage entre les lattes et vissage pour assurer la pression du collage. Une fois les lattes collées, les vis sont ôtées et le trous dans le sandwich rebouchés par les joints... C'est très rapide, mais dès qu'un joint se détériore, on peut avoir des infiltrations par les trous des vis... C'est la technique utilisée pour mon pont en teck
  • On sait aujourd'hui préparer des ponts entiers sur gabarit en contreplaqué, permettant en atmosphère contrôlée une bien meilleure qualité de pose. Je ne connais pas les détails de cette technologie

Technique utilisée pour mon pont

Pose des lattes

Vissage et serrage des lattes

Les vis sont ôtées, les joints posés

Au résultat, 27 ans plus tard

 

Un ancien trou de vis apparent sous un joint défectueux = entrées d'eaux

A la hauteur du maitre bau, là ou les lattes ont été forcée au maximum: 3 mm d'épaisseur

Conséquence immédiate de l'affaiblissement des lattes, elles se fendillent

Les solutions et l'acharnement thérapeutique

  • Le pont n'est pas mort, mais il faut d'urgence protéger les entrées d'eaux
  • Le fendillement des lattes avec une épaisseur de 3 mm est irrattrapable par une greffe, du moins, je ne sais pas faire. On va les laisser en l'état, le traitement par l'huile pour teck devrait suffire à sa protection, encore cette année
  • Tous les joints douteux seront ouverts au couteau (parfait l'opinel) et à la bédane
  • Pour stabiliser les lattes, on va traiter soigneusement les fonds de joints à l'époxy. Ce qui devrait avoir un double avantage: on aura un excellent primaire pour poser le joint, on solidarise les parois des lattes et le fond de joints traités. Autre avantage, on évite le nettoyage fastidieux des restes de joints, ils participeront aussi à la tenue de l'ensemble sous époxy. Le risque étant qu'avec moins de souplesse latérale, les fissures ne s'aggravent avec les contraintes thermiques. On verra bien. Un mois après, il n'y a pas de soucis
  • On attend impérativement les bonnes conditions de température et d'hygrométrie pour le traitement époxy
    • Température supérieure à 18°c
    • Hygrométrie inférieure à 60%
  • On attend 24 H le parfait séchage du traitement époxy. On peut traiter par patch

Les outils indispensables

  • La bédane, bien affûtée bien sûr.
    • Le serflex en évidence, n'a aucun intérêt technique pour le traitement du teck... Il est juste là pour remplacer un manchon qui avait foiré...
  • L'opinel, bien sûr... D'abord parce que la forme de l'arrondi de la lame, permet de travailler la fente, ensuite et c'est imparable, parce qu'il est à bord... Maintenant il y a Opinel, et... Opinel... Lame en acier doux ou stupide lame inox... A bord de Laorana nous avons laissé tomber la stupidité des aciers durs, aciers pratiquement in-affûtables...  Comment affuter un Opinel en acier doux:
    • Vous êtes équipé, et vous avez le savoir faire
      • Pierre à eau => Pierre à huile => fusil pour casser le fil
    • Vous n'êtes pas équipé, mais pas trop maladroit
      • Papier à  poncer à l'eau => fusil pour casser le fil
      • Vous n'avez pas de fusil d'affutage => casser le fil avec n'importe quel outil en inox stupide...

Les outils indispensables (suite)

  • Le rouleau de papier masquant... Là ne pas lésiner sur la qualité, faudra pas qu'il foire au démasquage, avec du Sika partout, partout...
  • La protection de l'extrudeur de Sika. Quoique vous fassiez, même en relâchant la pression sur le tube... Il continuera à baver, de préférence là ou il ne faut pas. Astuce, conservez des rouleaux de papier sopalin vides. Ils permettent de loger la pointe de l'extrudeur en protégeant l'environnement (doigts, oreilles, front, souris puis clavier... et encore heureux que vous n'ayez pas besoin d'uriner à ce moment)
  • Les outils de lissage, sur Laorana, nous privilégions des découpes de couvercles de boites de yaourt. Elles offrent une bonne résistance, faciles à découper, aux formes voulues, et bêtement jetables. De plus les yaourts turcs sont vraiment excellents...

Le masquage

  • Une fois les fonds de joint défectueux stabilisé à l'époxy
  • 24 H après le traitement époxy, on peut préparer le masquage
  • Ce masquage permettra en particulier
    • De poser le Sika sans trop de soucis
    • Nous l'avons posé à l'extrudeur manuel en poussant
  • Une fois posé le joint on le lisse immédiatement, utilisant les outils  issus d'une boite de yaourt (entre autre)
    • Il est bien sur recommandé de déguster le yaourt d'abord...
  • Laisser sécher un certain temps... Le problème est que si on démasque trop vite, joint trop frais... Ce n'est pas bon, l'excédent de joint se dépose sur le teck... Il faudra tout reprendre l'opinel (bien affuté, c'est mieux)
  • Si on laisse sécher trop longtemps, le joint déchirera le papier masquant, et il faudra là aussi reprendre à l'Opinel
  • Si vous arrivez à démasquer à le bonne consistance, c'est presque parfait, si vous arrivez à stocker ces bon sang de papiers collants. Je les stocke dans un grand sac plastique, en évitant de mettre les doigts dessus sinon c'est le parcours classique: (doigts, oreilles, front, souris puis clavier... et encore heureux que vous n'ayez pas besoin d'uriner à ce moment)

Le nettoyage du teck

  • Laisser sécher les joints au moins 48 H à +18°c minimum
  • On peut maintenant nettoyer le bois
    • Humidifier le bois
    • Répartir du Teak cleaner, à l'éponge
    • Laisser le traitement jusqu'à ce que cela commence à sécher
    • Frotter à l'éponge vigoureusement, en ré humidifiant
    • Rincer très abondamment
  • Recommencer tant que le bois n'est pas propre
  • Rincer encore, à l'eau douce, puis laisser sécher

La rénovation des couleurs

C'est la phase 2. On humidifie le pont, puis on l'imprègne de produit rénovateur. Laisser agir, puis activer à l'éponge.

Rincer abondamment, laisser sécher

La sauvegarde du teck

Deux options

  • l'huile pour teck classique, se passe à l'éponge ou au pinceau. on doit re-nourrir le teck régulièrement quand il sèche
  • Le Sealer teak oil, pénètre le bois et le protège en profondeur. ce qui devrait être un avantage pour les craquelures. Nous l'avons utilisé cette année
    • Se passe au à l'éponge ou au pinceau
    • Sécher les excédents immédiatement avec un chiffon sec.

 

 

Au résultat... On essaiera de faire aussi bien, l'an prochain....

  • Sur le roof, des lattes récentes (3 ans) posées en 12 mm

  • Le pont, et les passavant à hauteur du maitre bau. on voit bien les contraintes que la courbure fait encaisser aux lattes. Avec 3 mm d'épaisseur, elles manquent de résistance et se fissurent...

 

Conclusions

  • Des lattes de 8 mm à l'origine condamnent le pont après vingt ans... En 12 mm comme celles citées dans l'article de référence de Nicodefreja,  le pont aurait au minimum 7 mm d'épaisseur de teck était sauvable.
  • Il semble infaisable de retraiter globalement tous les joints, d'ou l'option de traiter par patchs.

Le coût et les produits

  • Des litres et des litres d'huile de coude, bien que ça se fasse à genoux !!!
  • Aucune machine, hormis l'aspirateur, la bédane et l'Opinel du bord. Cela exige tout de même un peu de savoir faire, Mais... la mémoire et l'intelligence musculaire viennent vite
  • Eponges, tissus secs, pinceau, acétone du bord
  • Papier de masquage bleu, environ 5 euros
  • Cycle de rénovation Starbrite en 3 opérations: environ 110 euros, en utilisant l'option "Teak sealer". Avec de l'huile pour teck on économise 20 euros
  • Epoxy du bord (West Système), quelques euros
  • Joints: Sikaflex®-290 DC, spécial calfatage anti UV, deux tubes de 300 ml seulement (il n'y a pas que des inconvénients à calfater des lattes de 3 mm !!!, on consomme peu !!!), coût une vingtaine d'euros
  •  Au total environ 150 euros... mais une semaine de travail éprouvant...

ndlr: aucun intérêt chez Sika ni Starbrite, bien sûr, ce sont juste des produits corrects, que l'on trouve partout...

L'avenir

  • Si le process est efficace... on recommencera l'an prochain
  • Si les fissures s'aggravent et laissent pénétrer l'eau. il faudra prendre des mesures
    • Refonte complète de tous les teck du bord (passavants et cockpit) soit 15 m², avec dépose de l'accastillage, coût estimé 15.000 euros
    • Refonte uniquement des passavants environ 10 m²
    • Démontage du teck des passavants existant,
      • sans démonter l'accastillage, posé sur le teck existant et qui a lui gardé la bonne épaisseur
      • re-stratification du pont à l'époxy
      • Primaire et peinture anti dérapante. Avec un avantage: on peut jouer sur les formes et les couleurs
  • Si le sandwich est atteint... je n'ose pas imaginer la douloureuse...

s/y Laorana mai 2013

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